Les Noëls verts seront de plus en plus fréquents dans les Alpes

© 2017 SLF/ Marcia Phillips

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Après les chutes de neige de janvier, qui se sont fait longtemps désirer, la plupart des régions des Alpes suisses sont désormais enneigées, à la plus grande joie des skieurs. Mais de nombreux sites ont enregistré le mois de décembre comme étant le moins enneigé depuis le début des mesures, il y a environ 150 ans. L’année 2016 a été également la troisième année d’une série de Noëls avec très peu de neige dans les domaines skiables. Une étude publiée aujourd’hui dans The Cryosphere par le WSL Institut pour l'étude de la neige et des avalanches SLF indique que les régions de montagne devront de plus en plus fréquemment se préparer à vivre des Noëls verts.

Les chercheurs du SLF et de l’EPFL indiquent dans leur étude que le manteau neigeux des Alpes pourrait diminuer de 70% avant la fin du siècle. Il sera moins épais à toutes les altitudes et pour tous les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, mais les altitudes inférieures à 1200 m seront les plus touchées. Même au-dessus de 3000 m, on peut s’attendre à une diminution d’environ 40% du manteau neigeux. Toutefois, si la température mondiale ne s’élève pas à plus de deux degrés jusqu’à la fin du siècle, la diminution du manteau neigeux pourrait être limitée à environ 30%.

Les résultats des chercheurs montrent également que l’hiver alpin – la période durant laquelle il y a suffisamment de neige naturelle pour les sports d’hiver – se raccourcit. Avec le réchauffement climatique, la saison de ski devrait commencer une quinzaine de jours à un mois plus tard qu’aujourd’hui. Ce n’est pas tout: si nous ne réussissons pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre qui bouleversent le climat d’ici à la fin du siècle, seules les régions situées au-dessus de 2500 m auront assez de neige naturelle pour les sports d’hiver. «Le manteau neigeux va de toute façon diminuer dans les Alpes», confirme Christoph Marty, chercheur au SLF, et auteur principal de l’étude, «mais nos émissions futures vont déterminer dans quelle mesure.»

Plus de précipitations, moins de neige

Des émissions accrues de gaz à effet de serre vont entraîner des températures plus élevées dans les Alpes. Mais les scientifiques sont moins sûrs de l’influence du changement climatique sur les chutes de neige. La plupart des modèles prévoient que les précipitations hivernales vont légèrement augmenter en hiver d’ici la fin du siècle. «Selon notre étude, ces précipitations devraient tomber sous forme de pluie et non de neige en raison de l’augmentation simultanée des températures», ajoute Christoph Marty. «Nous espérons démontrer de manière convaincante par ces résultats que les précipitations hivernales croissantes ne pourront pas compenser l’effet des températures en forte hausse.»

Les prévisions des chercheurs s’appuient sur des évaluations détaillées. Sebastian Schlögl, co-auteur et travaillant également au SLF: « Nous utilisons un grand nombre de données météorologiques actuelles et passées, et les scénarios de réchauffement climatique les plus différents pour simuler le manteau neigeux futur dans deux régions de montagne avec le modèle informatique open-source ALPINE3D.»

Il est impératif de limiter le réchauffement climatique

Moins de neige et une saison de ski plus courte: ces deux éléments affecteront grandement le tourisme hivernal. Sebastian Schlögl : «Comme de nombreux villages alpins dépendent fortement du tourisme, l’économie et donc aussi la vie sociale de ces centres touristiques seront touchées.» Cependant, cette étude montre à quel point limiter le réchauffement climatique pourrait être efficace dans les Alpes. Christoph Marty: «Il est certes inquiétant de constater que nous pourrions perdre 30% du manteau neigeux alpin avec un scénario de réchauffement mondial de 2 degrés. Mais cela peut nous encourager si l’on considère la perte de 70% qui nous menace si nous ne changeons pas nos comportements actuels.»


Auteur: SLF

Source: EPFL