Les déficiences neuronales de l'autisme réversibles chez la souris

Synaptic connections in the brain of a mouse model for autism. (photo Stephane Baudouin)

Synaptic connections in the brain of a mouse model for autism. (photo Stephane Baudouin)

L’équipe du professeur Peter Scheiffele, du Biozentrum de l’Université de Bâle et membre du Pôle de Recherche National (PRN) Synapsy, a réussi à inverser les dysfonctionnements neuronaux causés par l’autisme chez la souris. Les résultats de cette recherche, prometteuse pour tester un traitement contre la maladie, sont publiés dans la revue Science du 14 septembre.

Les dernières estimations chiffrent à un pourcent le nombre d’enfants atteints d’un désordre du spectre autistique. La maladie se traduit le plus souvent par une perturbation des interactions sociales, des difficultés d’apprentissage du langage et de communication ou des comportements stéréotypés. Les mutations de quelques 300 gènes sont en cause dans ce trouble du développement cérébral. Parmi ceux-ci le gène neuroligin-3 qui présente l’intérêt d’occasionner une forme non syndromique de l’autisme. Neuroligin-3 est directement impliqué dans la formation des synapses, les points de connexion entre les neurones.

C’est sur ce gène, muet dans certaines formes d’autisme, que s’est concentrée l’équipe du professeur Peter Scheiffele du Biozentrum de l’Université de Bâle. Afin d’étudier son rôle, les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées qui permettent d’enclencher ou non le gène. Lorsque le gène est « éteint », son absence perturbe le fonctionnement et la plasticité des circuits neuronaux. Le post-doctorant Stéphane Baudouin, premier auteur de l’article et soutenu par le PRN Synapsy, a pu observer une stimulation excessive de récepteurs au glutamate dont le rôle est de moduler la transmission des signaux entre les neurones. Cette sur-stimulation inhibe le signal de transmission synaptique durant le processus d’apprentissage, perturbant de fait le développement et le fonctionnement du cerveau à long terme.

La découverte majeure de ce travail, publié dans la revue Science datée du 14 septembre 2012, est que ces altérations sont réversibles. En réactivant la production de neuroligin-3 chez la souris, les chercheurs ont ramené la production des récepteurs de glutamate à un niveau normal et les défauts typiques de l’autisme dans le cerveau ont disparu. Cette étude éveille l’espoir de prendre comme cible pharmacologique ces récepteurs de glutamate afin de renverser les dommages causés par l’autisme.

Baudouin S. J., Gaudias J., Gerharz S., Hatstatt L., Zhou K., Punnakkal P., Tanaka K. F., Spooren W., Hen R., De Zeeuw C.I., Vogt K., Scheiffele P. (2012) Shared Synaptic Pathophysiology in Syndromic and Non-syndromic Rodent Models of Autism. Science; Published online September 13, 2012