«Le Valais n'a pas de complexe à avoir»

© 2018 Keystone

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Le Valais a une carte à jouer en matière d’innovation, particulièrement dans le secteur de l’énergie, mais aussi de la biotechnologie. L’ex-président de l’EPFL Patrick Aebischer en est absolument convaincu.


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Le Valais, il l’adore. Patrick Aebischer y vient depuis qu’il est gamin. C’est à lui qu’on doit l’arrivée de l’EPFL dans le canton. L’ex-big boss de l’école polytechnique fédérale s’était mis en tête d’implanter des antennes dans toute la Suisse romande, persuadé que cette université technologique pouvait être un moteur pour l’économie. Aujourd’hui, il est l’un des investisseurs de H55, la société qui ambitionne de développer le transport urbain du futur. Entretien, quelques jours avant sa venue à Martigny pour une conférence.

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Nous apprenions en début de semaine que Sion allait devenir le centre de recherche pour développer la voiture volante du futur. C’est incroyable, non?
Détrompez-vous! Sion est idéalement placée. H55, la société d’André Borschberg, va pouvoir s’appuyer sur les chercheurs de l’EPFL, les ingénieurs de la HES, la présence de l’aéroport juste à proximité. C’est une force de pouvoir mettre tous ces gens ensemble. Il s’agit maintenant d’industrialiser le savoir-faire acquis dans l’incroyable aventure de Solar Impulse.

Pourtant, le Valais, canton périphérique, n’est pas vraiment réputé pour être un moteur de l’innovation…
Il n’y a pas de complexe à avoir. Avec Ibex, le projet développé par la Lonza à Viège (ndlr: Patrick Aebischer est membre du conseil d’administration de Lonza), le Valais va être à la pointe de la thérapie personnalisée. Il y a maintenant ce projet de mobilité électrique. Le Valais est l’endroit clé où des développements très importants peuvent avoir lieu dans les secteurs de la biotechnologie et de l’énergie.

Vous n’exagérez pas un peu?
Le Valais a beaucoup d’atouts, en particulier dans le domaine de l’énergie, de la mobilité et de la biotechnologie. La présence d’acteurs industriels de niveau mondial tels que la Lonza, la qualité de ses institutions de formation ainsi que la qualité de vie constituent des éléments importants.

Le Valais doit donc miser sur ces secteurs?
Il y a effectivement deux axes qui s’imposaient pour l’EPFL. Le plus évident est l’axe énergétique, avec la présence des barrages, du vent, de l’eau, du soleil. Le Valais semblait tout indiqué pour devenir un parfait micro-laboratoire de recherche dans un secteur en pleine mutation. L’autre axe est la biotechnologie. Là aussi, avec le développement de la Lonza qui mise à fond sur la médecine personnalisée, on est totalement cohérent. Le défi de l’EPFL est de s’adapter et d’anticiper les développements économiques des régions dans lesquelles ses antennes sont situées.

Les chercheurs de l’EPFL à Sion ont déjà attiré près de 60 millions de contrats."

Que répondez-vous aux grincheux qui disent que l’EPFL coûte beaucoup et ne rapporte pas grand-chose?
Aujourd’hui, l’EPFL emploie plus de 200 personnes à Sion, ces chercheurs ont déjà attiré près de 60 millions de contrats de recherche. Des start-up dans des domaines de haute technologie commencent à éclore. La venue de l’EPFL à Sion fait du Valais un canton universitaire. J’aime à rappeler la célèbre phrase de Derek Bok, un ancien président de Harvard: «Si vous pensez que la formation est onéreuse, essayez l’ignorance.» Il n’y a pas de meilleur investissement à long terme que la formation!

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Patrick Aebischer donnera une conférence à Martigny le 27 février à 19 heures, salle Les Alambics, sur le «positionnement du Valais dans l’écosystème de l’innovation». Entrée 50 francs, reversés par le Rotary à des œuvres sociales en faveur de l’enfance.

SON PARCOURS


1980-1983: diplôme en médecine et neurosciences des Universités de Genève et de Fribourg
1984-1992: professeur à l’Université de Brown (USA)
1992-2000: retour en Suisse au CHUV
1999-2016: président de l’EPFL