Le smartphone qui s'invite dans vos lunettes
Des chercheurs de l’EPFL développent un prototype de lunettes «augmentées», permettant de lire ses messages, consulter son agenda ou recevoir toutes sortes d’informations directement sur les verres.
Plus besoin de sortir son smartphone pour voir l’heure qu’il est, consulter les pages de son agenda ou la météo du jour, lire le contenu d’un sms ou définir un itinéraire dans les rues d’une ville inconnue. Toutes ces informations, et bien d’autres encore, s’afficheront bientôt… sur les verres de nos lunettes «augmentées», grâce à un mini-projecteur placé sur la branche. A condition de mettre également des lentilles de contact.
Des chercheurs de l’EPFL travaillent activement à cette réalisation. Un prototype - assez similaire au projet annoncé ce printemps par Google - est en cours de développement au Laboratoire de dispositifs photoniques (LAPD). Qu’il s’agisse du monde des jeux, de géolocalisation, d’aide à l’enseignement, de soutien aux personnes malentendantes ou d’autres formes de réalité augmentée, les applications de cette invention très attendue sont multiples.
Avec des verres de contact
Finaliser un tel objet implique de relever de nombreux défis de haute technologie. L’un des plus importants est de faire en sorte que l’on puisse voir à la fois les infos diffusées sur les verres - trop proches de l’œil pour qu’il puisse naturellement faire la netteté sur elle - et l’environnement autour de soi. Les chercheurs l’ont résolu en développant une lentille de contact conçue spécifiquement pour cet usage. Doté d’une micro-lentille en son centre, elle permet à l’œil de faire le point sur les images. «Cette technologie présente de nombreux avantages, relève Christophe Moser, professeur au LAPD. Elle offre des images précises et en haute définition. Et contrairement à d’autres modèles du même type, elle permet de conserver l’intégralité du champ de vision et d'utiliser le design existant des lunettes.»
L’idée de devoir mettre des verres de contact en plus des lunettes pourrait toutefois s’avérer rebutante pour pas mal d’utilisateurs. «Pour le grand public, il serait envisageable de faire des lunettes qui ne nécessitent pas de lentilles, mais la haute définition serait quelque peu diminuée», ajoute Christophe Moser.
Procédé holographique
Le labo collabore étroitement avec Lemoptix, société issue de l’EPFL et spécialisée dans la réalisation de systèmes de projection miniaturisés, pour le développement d’un micro-projecteur haute définition qui s’intégrera discrètement à la branche droite des lunettes. De là, les images et infos seront envoyées sur le verre, qui fait également l’objet d’un traitement spécial, par holographie. Il s’agit d’un procédé d'enregistrement - par laser - de la lumière diffractée par un objet, qui permet d’en restituer ensuite une image en trois dimensions. Dans le cas des lunettes augmentées, l’hologramme placé sur les verres permet à l'information projetée d'être réfléchie dans la direction de l'œil, tout en conservant une forte transparence. L’utilisateur voit donc parfaitement au-travers.
Mais avant que cette invention puisse être commercialisée, il s’agira encore d’affiner, tester et assembler toutes ces technologies. Il faudra donc encore attendre un peu - entre deux et cinq ans - avant de pouvoir l’avoir sur le nez.