Le risk management s'exporte au Burkina Faso

Une équation pour résoudre les problèmes de sécurité. Si les mathématiques sont complexes, elles ont pourtant produit une méthode simple et efficace pour le risk management dans les laboratoires et industries.
« La sécurité est un frein à l’innovation ». Un poncif que Thierry Meyer et son équipe du service de Sécurité et Santé au Travail (SB-SST), n’entendent plus depuis au moins deux ans. Ils ont introduit un système de prévention, d’évaluation et de gestion des risques basé sur la proximité, l’adéquation pragmatique et le dialogue. Pluridisciplinaire, l’équipe est formée de scientifiques parfaitement à même de comprendre les besoins de chacun et de faire en sorte que la sécurité ne soit pas une entrave au bon déroulement des recherches mais apporte une valeur ajoutée.
Point fort de cette méthodologie : sa souplesse, son efficacité et son coût. Elle s’applique dans des environnements variés tels que les universités, les industries, les centres de recherches, et dans des contextes socioculturels aussi différents que la Suisse, les USA et le Burkina Faso.
A la base de cette méthode, une équation mathématique. Les scientifiques ont préparé une formule qui prend en compte des facteurs classiques du domaine de la gestion des risques qui ont été redéfinis, à savoir la gravité et la probabilité d’occurrence des accidents, mais aussi des paramètres plus innovants. Ils ont intégré la spécificité de la recherche scientifique, la détectabilité du danger, les facteurs aggravants et la perception du risque.
Les évaluations traditionnelles, plutôt applicables à l’industrie, ne prennent pas en compte des éléments liés à la recherche universitaire. Par exemple, l’aspect multiculturel des expérimentateurs, le plurilinguisme, les rotations rapides de personnel, le manque de formation, les procédés innovants, les procédures encore à définir, etc… Une fois tous ces éléments combinés de manière pertinente dans l’équation hybride développée pour l’exercice, l’évaluation des risques s’avère très précise. Elle permet aux responsables sécurité et aux utilisateurs de beaucoup mieux cibler leurs actions et ainsi mieux gérer leurs risques tout en diminuant les ressources nécessaires.
Universités de Genève, Neuchâtel ou Fribourg, ETHZ, CERN, industriels sont tous aux aguets pour cette méthode couronnée du succès. Une à deux fois par semaine, Thierry Meyer reçoit des demandes d’aide pour améliorer la sécurité dans les laboratoires Suisses et étrangers.
Afin de tester ce concept dans des environnements variés, le doctorant de Thierry Meyer, Aristide Ouedraogo, originaire du Burkina Faso, a pris contact avec le président de l’Université de Ouagadougou. Ce dernier s’est montré particulièrement intéressé à importer cette méthode et à l’appliquer dans ses laboratoires, puis dans les industries et les mines Burkinabés. « C’est un challenge à la fois humain et scientifique, nous devrons faire beaucoup avec peu de moyens » précise Thierry Meyer qui, avec Aristide Ouedraogo et Paul Madeleine (ancien inspecteur fédéral du travail au SECO), sont désormais à la recherche de fonds pour mener à bien leur projet au Burkina Faso.
Service de Sécurité et Santé au Travail