Le bonheur du Bhoutan passe aussi par son énergie hydraulique

Seul 5% du potentiel hydraulique du Bhoutan est actuellement exploité. © Melanie Guittet

Seul 5% du potentiel hydraulique du Bhoutan est actuellement exploité. © Melanie Guittet

Des chercheurs de l'EPFL ont apporté leur expertise pour aider le petit pays himalayen à développer son potentiel hydroélectrique.

A l'heure où les barrages sont à vendre en Suisse, un autre petit pays montagneux et soucieux de préserver son environnement cherche à développer son potentiel hydraulique. Installé au pied de l'Himalaya, le Bhoutan veut à accroitre sa production hydroélectrique, une de ses seules ressources endogènes, notamment pour la vendre à son voisin indien. Le potentiel est énorme, puisque seuls 5% sont actuellement exploités.

Pour ce faire, le pays du bonheur national brut, riche de traditions séculaires et encore relativement imperméable à la mondialisation, prend un chemin plus long mais plus durable. Le Bhoutan veut s'assurer de posséder toutes les compétences à l'interne pour développer, exploiter et entretenir ses nouveaux barrages. Il mise donc sur un centre de recherche et développement en hydroélectricité, mais avec l'aide des conseils d'experts. C'est ainsi que l’EPFL via le Centre de l'énergie et trois laboratoires, en association avec l’entreprise BG Ingénieurs Conseils, a répondu à l'appel d'offre du gouvernement. Et l'a remporté.

Un levier social et économique

Le projet a impliqué trois laboratoires de l'EPFL: le Laboratoire des constructions hydrauliques (LCH), le Laboratoire des machines hydraulique (LMH), et la Chaire La Poste en management des industries de réseau (MIR). La feuille de route vient d'être remise fin 2016 au mandataire bhoutanais. «Le Centre de recherche et développement comprendra neuf centres d’excellence qui couvrent l'entier de la chaine de valeur de la production hydroélectrique. Il sera apte à répondre à tous les besoins internes, de la planification à l'exploitation, de la formation à la construction et à la maintenance; de la sécurité à l'optimisation des coûts», détaille Mélanie Guittet, coordinatrice du projet au Centre de l'énergie.

Les mandataires ont été particulièrement séduits par les travaux du LCH qui modélise les aménagements hydrauliques pour comprendre et anticiper les interactions entre l'ouvrage et l'eau. «Le Centre comprendra aussi ce type de laboratoire hydraulique pour étudier les constructions existantes et à venir», précise Mélanie Guittet. Le Centre R&D aura aussi une mission stratégique de recherche, en particulier dans le domaine de la gestion des sédiments, des structures hydrauliques ou de l'optimisation. Il la réalisera en collaboration avec d’autres universités, par exemple l'Université du Bhoutan mais également à travers des collaborations internationales notamment avec l'EPFL. En combinant le volet opérationnel et le volet recherche, l'idée est de promouvoir un centre compétitif, attractif, rentable et de grande renommée. «A terme, il comptera plus d’une centaine de personnes et sera un véritable levier de développement social et économique pour le pays», poursuit la chercheuse.

Ainsi, d'ici à 2030, le gouvernement a l'intention d'installer environ 11 GW, soit près de 8 fois plus qu'aujourd'hui. En comparaison, les centrales hydrauliques suisses représentent 16,6 GW de capacité installée. Mais le Bhoutan compte dix fois moins d'habitants. Son potentiel hydroélectrique est évalué entre 30 et 40 GW.