Il dessine un rêve pour Lausanne

Adrien Alberti. © Alain Herzog / EPFL

Adrien Alberti. © Alain Herzog / EPFL

SÉRIE D'ÉTE - Travaux d'étudiants (4).Une Utopie contemporaine. Dans le cadre de son travail de master, le jeune architecte Adrien Alberti a imaginé des presqu’îles flottant au bord du Léman, dont les formes s’inspirent de la nature, et dont les dessins sont générés automatiquement par un algorithme.


«J’ai imaginé que l’agglomération lausannoise serait comme les racines d’un arbre qui pousserait en direction du lac…» Adrien Alberti, tout fraîchement diplômé de la section d’architecture (faculté ENAC) de l’EPFL, n’a sans doute pas conçu le plus réaliste des «projets de master» de la promotion 2012. Mais certainement l’un des plus poétiques.

Œuvrant sous la direction de Jeffrey Huang et Georges Abou Jaoudé, le jeune architecte a voulu proposer une nouvelle lecture de l’architecture « métaboliste » développée au Japon dans les années 1960. Il lui applique les outils de l’architecture paramétrique, la spécialité de ces deux professeurs, dont le principe essentiel consiste à laisser un ordinateur calculer les formes d’une construction en fonction de quelques données de base.

L’algorithme développé par Adrien s’appuie ainsi sur les données urbanistiques existantes de la ville de Lausanne et de son agglomération. Sur cette base et grâce aux formules mathématiques qu’il a intégrées, l’ordinateur génère «tout seul» des presqu’îles en forme de spirales, répondant aux mêmes règles de proportions que les coquilles des nautiles, par exemple.


Adrien Alberti et son projet. © Alain Herzog.

Un métro sous-lacustre
Adrien a ensuite imaginé les différents types de «modules» qui composeraient ces îles. Habitations, services, cultures vivrières, toutes seraient assemblées au moyen de ces briques de base. Au-dessous, un métro sous-lacustre à circulation rapide conférerait une mobilité maximale à chacun des habitants. «Mon projet prévoit l’absence totale d’énergie fossile. Les toits de certains bâtiments sont ainsi pourvus de miroirs qui concentrent la chaleur du soleil vers le sommet d’une tour afin de produire toute l’électricité nécessaire.»

Les formes naturelles, nées par «génération spontanée», limitent l’impact visuel de telles constructions – bien différentes des îles artificielles qui ont été réalisées dans des régions telles que Dubaï. Le projet mis en lumière dans le cadre de l’exposition des travaux de master en architecture semble ainsi tout juste décorer harmonieusement les berges lémaniques. «On y installerait pourtant 60'000 personnes», a calculé l’architecte.

Esthète polyvalent, Adrien Alberti n’a pas ménagé ses efforts pour la présentation de son œuvre de fin d’études. De superbes planches dont le style s’inspire des gravures accompagnant l’Utopie de Thomas More, des animations de synthèse, un livre superbement relié pour la partie théorique: on aurait envie de croire à son projet. «Je pense toutefois que les rêves de ce genre ne sont pas toujours faits pour être réalisés», conclut-il.