Flairer les faux parfums

© 2013 EPFL

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Des chercheurs de l’EPFL ont mis au point une méthode efficace de détection des contrefaçons de parfum. Ils l’ont testée sur des marques célèbres comme Givenchy, Hermès ou D&G.

Les copies frauduleuses coûtent cher à l’industrie cosmétique autant qu’à ses clients. Or malgré les nombreuses méthodes analytiques à disposition, identifier les imitations reste compliqué et fastidieux. Des scientifiques de l’EPFL ont développé une méthode innovante, appelée «ionisation par nébulisation électrostatique», capable d’analyser et de reconnaître les contrefaçons avec une efficacité inédite. Leur recherche est publiée dans Rapid Communications in Mass Spectrometry.

Hubert Girault et son équipe ont testé six parfums signés de grandes marques telles que Givenchy, Hermès et D&G. Grâce à leur nouvelle méthode de détection (ESTASI), ils les ont étudiés puis comparés à une «imitation type» faite de dix composés distincts. Les résultats montrent que leur technique est capable de différencier les fragrances authentiques des contrefaçons. Ne nécessitant pas de lourds tests préparatoires, les «empreintes» des parfums ont pu être relevées et identifiées avec une rapidité et efficacité inédites.

Les «empreintes digitales» du parfum

Pour analyser une substance chimique, le premier (et le plus important) défi est l’ionisation, c’est à dire son morcellement en particules plus petites chargées électriquement. Ce faisant, les ions fragmentés sont souvent transformés en fine brume, raison pour laquelle on parle d’ionisation par électronébuliseur. Ces ions sont ensuite passés dans un détecteur qui enregistre la charge électrique de chacun. En résulte l’équivalent d’une empreinte digitale, spécifique à l’échantillon testé, qui peut être comparée aux empreintes d’autres échantillons. On peut déterminer ainsi les constituants de la plupart des substances chimiques y compris les protéines et autres composés complexes.

Elena Tobolkina et ses collègues ont ainsi développé une méthode de ionisation par pulvérisation électrostatique, appelée Electrostatic Spray Ionization, où l’échantillon à tester est chargé comme un condensateur (c.-à-d. un appareil de stockage d’électrons). Ce procédé provoque la fragmentation de la substance, suivie d’une libération d’ions en pulvérisation. Contrairement aux méthodes conventionnelles d’ionisation par électronébuliseur, cette technique nécessite très peu de préparation préalable des échantillons, voire aucune. L’analyse peut être effectuée plus rapidement, en temps réel et génère davantage de données.

Développement de nouveaux arômes

Les chercheurs de l’EPFL ont ainsi testé divers parfums présents sur le marché ainsi qu’une imitation composée de dix ingrédients très fréquents en parfumerie. Selon leur format (liquide ou en spray), les échantillons ont été déposés sur du buvard (Chanel), du papier absorbant ou une simple bandelette de test achetée en magasin. Un parfum a même été analysé directement sur la peau. Les résultats ont ensuite été comparés à ceux obtenus avec les méthodes classiques d’ionisation par électronébuliseur.

Bien que cette technique soit encore une démonstration de faisabilité, ses auteurs considèrent qu’elle sera applicable à divers stades de la fabrication de fragrances. Elle pourrait notamment être utilisée lors des contrôles de qualité contre les contrefaçons ou pour le développement de nouveaux arômes ou composants naturels à la base des parfums, avec pour conséquence des gains de productivité accrus pour le secteur de la cosmétique et de la parfumerie.


Source
Tobolkina E, Qiao L, Xu G, Girault HH, 2013. Electrostatic-spray ionization mass spectrometry sniffing for perfume fingerprinting. Rapid Commun. Mass. Spectrom. 2013, 27:1-7.



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