EPFL Valais étudie l'impact du changement climatique sur les rivières
En simulant les prédictions climatiques dans une installation au fond du val Ferret, l’EPFL étudie le comportement des algues et des bactéries présentes dans les cours d’eau.
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Elles sont, pour les promeneurs, le symbole même de la pureté. Les rivières de montagne et leur eau cristalline semblent traverser les vallées et les années sans jamais s’altérer. Et pourtant, si fragiles, elles sont avec les lacs alpins les sentinelles du changement climatique. Aux premières loges du réchauffement qui entame les glaciers, elles sont particulièrement sensibles aux modifications hydrologiques et de température. Pour étudier le comportement des micro-organismes présents dans les cours d’eau d’altitude, l’EPFL mène le projet Sentinels durant deux mois au fond du val Ferret.
Simuler les prévisions climatiques
Sous la supervision du professeur en sciences de l’environnement Tom Battin, une installation a été mise en place pour simuler les prédictions climatiques. «L’eau du torrent a été détournée et s’écoule dans huit canaux différents. Dans la moitié d’entre eux, l’eau a été réchauffée de 2 degrés, ce qui correspond à la prévision la plus optimiste», détaille Nicola Deluigi, membre du laboratoire de recherche en biofilms et écosystèmes fluviaux de l’EPFL.
«Ensuite, chaque canal est soumis à un régime hydrologique différent. On recrée ainsi des épisodes de sécheresse ou de précipitations intenses pour voir comment les bactéries et les algues présentes dans l’eau réagissent.»
Les biofilms, ces micro-organismes si précieux
L’équipe de Tom Battin est une des premières au monde à s’intéresser aux comportements de ces biofilms dans les torrents d’altitude. «Depuis peu la recherche se penche sur ces bactéries et reconnaît leur importance dans les écosystèmes fluviaux.»
Car s’ils sont invisibles à l’œil nu, ils n’en sont pas moins cruciaux. «Les biofilms sont en charge de la purification de l’eau. Ils permettent par exemple d’éliminer des déchets tels que des excréments d’animaux et sont à la base de la chaîne alimentaire.» Chargé du projet, Tom Battin l’assure, «la biodiversité des écosystèmes fluviaux est la plus impactée par le changement climatique».
Pour lui, l’équation est simple. «Plus l’eau se réchauffe, moins elle contient d’oxygène dont les biofilms ont besoin pour faire leur travail de nettoyage. Et qui dit moins d’algues et de bactéries dit aussi moins de poissons qui s’en nourrissent directement ou indirectement.»
«Il ne faut pas attendre la science pour agir»
Les prélèvements effectués au fond du val Ferret seront ensuite analysés en laboratoire. Il s’agira de comprendre quelles bactéries, parmi les milliers d’espèces présentes dans l’eau, résisteront le mieux aux diverses simulations. Quant à savoir les solutions que ces recherches apporteront pour la protection des eaux, Tom Battin se veut clair. «Il ne faut pas attendre les résultats de la science pour agir. Nous savons déjà tous ce qu’il faut faire pour réduire notre impact!»