Eau du robinet : comment se passer du chlore

© Eawag

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De l’eau chlorée au robinet, c’est la norme dans le monde entier. Pourtant, l’expérience de plusieurs pays européens montre que cela n’est pas une nécessité. L’absence de chlore induit un meilleur goût de l’eau et, potentiellement, une eau plus saine.

Si vous avez séjourné dans le sud de l’Europe ou outre-mer, vous êtes probablement habitué au goût de l’eau chlorée au robinet. Distribuer de l’eau avec un résidu de chlore est une stratégie séculaire destinée à protéger la population, en empêchant la prolifération de pathogènes transportés par l’eau. Mais est-ce bien nécessaire ? Dans un commentaire publié dans le magazine Science, le chercheur Urs von Gunten, de l’EPFL, et ses collègues de l’Eawag exposent des conclusions européennes montrant que l’on pourrait se passer de chlore, si d’autres barrières protectrices sont mises en place.

Trois conditions déterminent la qualité de l’eau du robinet: la qualité de sa source, de son traitement, et de son réseau de distribution. Des décennies d’expériences aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Suisse ont montré que lorsque aucune de ces conditions n’est compromise, le nombre de contaminations liées à des maladies véhiculées par l’eau est faible, même plus faible que dans les pays qui ajoutent des désinfectants chimiques à leur distribution d’eau pour compenser des réseaux mal entretenus, un traitement de l’eau insuffisant ou des sources contaminées.

Toutefois les chercheurs soulignent que renoncer à l'adjonction de chlore a un coût. Il s’agit de protéger les nappes phréatiques, de surveiller soigneusement le traitement de l’eau, et de veiller à l’entretien du réseau de distribution. Mais là où on a pu se passer du chlore, les avantages vont au-delà de l’amélioration du goût de l’eau. Lorsque des désinfectants, comme le chlore, réagissent avec la matière organique qui est toujours présente dans l’eau potable, cela peut conduire à la formation de sous-produits de désinfection, dont certains sont potentiellement cancérigènes.

L’article a été écrit par des chercheurs de l’EPFL, du Swiss Federal Institute of Aquatic-Science and Technology (EAWAG), la Michigan State University, l’Université d’Iowa, l’Université du Colorado et l’Université de Sheffield.


Auteur: Jan Overney

Source: EPFL