DeepArt, l'ordinateur qui peint votre portrait
Un selfie transformé en tableau de Van Gogh ou Matisse? C’est possible grâce à DeepArt, un algorithme qui réalise une peinture digitale à partir de n’importe quelle photo. DeepArt est mis pour la première fois à disposition du public sur une plate-forme conçue à l’EPFL.
Les machines ne se contentent plus de battre des champions aux échecs ou au jeu de Go. Désormais, elles ont aussi la fibre artistique, et réalisent des tableaux à faire pâlir plus d’un adepte du pinceau. Rien à voir avec un filtre photographique: c’est à partir d’une toile blanche – ou plutôt d’un écran blanc - que l’ordinateur exécute le tableau demandé. DeepArt, un algorithme développé en Allemagne, à l’Université de Tübingen, et mis aujourd’hui à disposition du public sur une plate-forme conçue par Lukasz Kidzinski, chercheur au Laboratoire d'ergonomie éducative de l’EPFL.
Le procédé, s’il est simple à expliquer, fait appel aux dernières avancées en matière de Deep learning: soit des algorithmes d’apprentissage automatique avec un haut niveau d’abstraction, utilisés par exemple pour la reconnaissance faciale ou la vision par ordinateur. Dans le cas de DeepArt, l’utilisateur soumet une photo à l’ordinateur, et lui demande de créer un tableau suivant un style ou un artiste particulier. «L’algorithme va alors analyser l’image pour en extraire les éléments principaux, comme un visage ou un objet», explique Lukasz Kidzinski. Le programme va ensuite peindre une image en comparant sans cesse les éléments de départ avec le tableau dont il doit s’inspirer. Après environ 10 minutes de calculs, le résultat est prêt: l’ordinateur retourne une œuvre originale et unique.
(DeepArt s'est inspiré de l'image fournie, à gauche, pour réaliser une peinture selon le style de la Nuit étoilée de Vincent van Gogh.)
Dorénavant, n’importe qui peut accéder à la puissance de DeepArt et lui soumettre sa propre photo grâce au site internet développé à l’EPFL en collaboration avec les chercheurs de l’université de Tübingen. Histoire de découvrir par soi-même si la machine a autant de talent qu’un humain. La réponse semble être oui, à un croire le résultat d’un questionnaire proposé aux visiteurs du site, qui devaient différencier le tableau d’un maître et celui de la machine. Résultat: il était impossible de faire la différence, les gens répondant de la même manière que s’ils avaient choisi au hasard.
Les machines rendront-elles bientôt le coup de pinceau humain obsolète? Pas de risque, assure le chercheur. «DeepArt n’est pas une menace pour l’art, au contraire: il offrira sans doute de nouvelles possibilités d’expression artistique.» Le projet pourra aussi être très intéressant pour les historiens de l’art, en les aidant par exemple à restaurer des œuvres endommagées. Mais d’autres applications devraient voir le jour dans le futur. «Les développements dans le domaine du Deep learning et des réseaux neuronaux sont si rapides qu’il est impossible de prédire ce que nous pourrons faire dans deux ans. Des possibilités incroyables s’ouvrent dans tous les domaines», conclut le chercheur.