Ces glaciers qui enfantent de nouveaux lacs

© 2012 EPFL

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En fondant, les glaciers créent de nouveaux lacs. Est-il possible d’en tirer parti? A l’heure de la sortie du nucléaire, un étudiant de l’EPFL a travaillé sur la possibilité d’utiliser cette nouvelle manne pour la production d’énergie hydroélectrique en Valais.

Dans les Alpes, les glaciers fondent irrémédiablement. Plusieurs scénarios climatiques, certains se basant sur une augmentation de la température de +4°C, prédisent leur disparition à la fin de ce siècle. En se retirant, ces glaciers découvrent des cavités qui se remplissent d’eau et se transforment en lacs.

Le FNS, le Fond National Suisse soutient un projet de recherche sur les risques et les potentiels de ces nouveaux lacs de montagne. Anton Schleiss, directeur du Laboratoire de constructions hydrauliques (LCH), participe à cette recherche : « Les glaciers stockent de l’eau et transfèrent les précipitations de l’hiver vers l’été. Une fois qu’ils auront disparus, on devra aménager ces nouveaux réservoirs qui devront reprendre ce rôle de stockage de l’eau. »
Pour son travail de master David Zumofen, étudiant en génie civil a imaginé tirer parti d’un de ces réservoirs naturels inédits afin de produire de l’électricité. Il a étudié plusieurs options.

La première turbinerait l’eau de ce lac sur place et serait intégré au projet de construction d’une future centrale entre Gletsch-Oberwald. Cela serait moins rentable en énergie, mais n’impliquerait pas de revoir les aménagements du Rhône jusqu’au Léman.

La seconde utiliserait l’aménagement hydroélectrique de Oberhasli, déjà existant de l’autre côté du col du Grimsel, à la ligne de partage des eaux entre le Rhin et le Rhône. Parce que l’eau pourrait être turbinée plusieurs fois dans les centrales existantes, cette solution est beaucoup plus économique et pourrait générer davantage de rendement. Seulement, l’eau turbinée finirait dans le Rhin et priverait le Rhône d’un important apport.

Le glacier du Rhône fond à vue d’œil
Lors des 10 dernières années, le glacier du Rhône a perdu 6 % de sa masse. Il y a 150 ans, il occupait toute la plaine de Gletsch. Aujourd’hui sa langue s’est retirée au fond du bassin versant. Grâce à des études ultérieures, on sait que deux importantes cavités, de plus de 50 mètres de profondeur, sont cachées sous le glacier. L’une d’entre elle, risque d’être totalement libre de glace en 2065 et pourrait donc être exploitée.

«Il faut rester prudent sur les prédictions en matière de climat, car ce qui était vrai il y a un siècle, ne le sera peut-être pas dans 100 ans, précise David Zumofen. Si les prédictions se révèlent exactes un des deux lacs pourrait contenir jusqu’à 50 mio de m3. » L’étudiant a analysé l’apport hydrique pendant la fonte du glacier et lorsque celui-ci aurait disparu. Il a pu ainsi confirmer l’intérêt d’exploiter ce lac qui sera toujours important même sans apport du glacier.

Des études qui s’inscrivent dans l’actualité, car la volonté de la Suisse de sortir du nucléaire en 2050 oblige à réfléchir aux meilleures options. Et de l’énergie hydraulique, la Suisse n’en manque pas.



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